Comment réussir une candidature spontanée dans un pays hyper régulé comme le Japon ? Avec des processus de recrutements assez drastique ? Et des périodes d’embauches souvent bien définies ?
Lorsque vous cherchez un stage ou un emploi au Japon. Vous envoyez sûrement des candidatures spontanées dans toutes les entreprises qui vous intéressent.
Le problème c’est que 95% du temps, vos efforts ne débouchent sur aucun résultat concret. Vos candidatures ne seront pas lues. Elles seront mises de côté et complément oubliées.
C’est l’une des raisons pour laquelle j’insiste sur l’importance de relancer vos contacts.
L’autre raison, c’est le mauvais ciblage de vos candidatures.
En ciblant « les mauvaises entreprises », celles qui ne vous répondront jamais. Vous dépensez votre énergie et surtout votre temps pour rien. Vraiment.
Et en matière de recherche d’emploi ou de stage, il n’y a rien de pire que de perdre son temps…
Dans les paragraphes qui suivent, vous allez vous voir comment éviter, ou du moins limiter au maximum ces 2 impaires. Ce qui vous permettra de multiplier vos opportunités par 3.
C’est facile, c’est simple et ça relève du bon sens. Mais quand on a la tête dans le guidon. Ce qui est le cas lorsqu’on doit trouver quelque chose le plus vite possible. On passe souvent à côté…
Les grandes entreprises se foutent se savoir si vous êtes spontané ou motiver.
En France et encore plus au Japon, les grandes entreprises ont des processus de recrutement très affinés. Les campagnes d’embauches à la sortie des écoles se déroulent comme du papier à musique. Et c’est pareil chaque année.
Le papier à musique ne laisse pas de trou pour les interprétations. Vous ne pouvez pas ajouter votre trou comme ça. Ou vous faites partie de la musique ou vous n’en faites pas parti.
Pour les candidatures spontanées c’est la même chose. Elles ne sont pas les bienvenues. Elles ne rentrent pas dans les cases de critères pour évaluer et comparer les différents candidats. Elles ne passent pas les tests sur les plateformes dédiées… Elles tombent mal et sont inefficaces en France alors imaginez au Japon ?
… Mais ce n’est pas tout…
Vous n’êtes pas tout seul
Pourquoi postulez-vous dans une grosse boite ? Pour la notoriété du nom ? Pour le salaire ? Pour la reconnaissance et le statut qu’elle vous apportera auprès de vos amis, votre famille ?
Avouez-le ce n’est un pas une petit peu pour tout ça, mais UNIQUEMENT pour TOUT ça ! C’est mon cas. Etre reconnu. Etre admirer. Etre bien payé. Qui n’aime pas ça ? Qui ne souhaite pas ça ? La reconnaissance et l’accomplissement se situe au-dessus de la pyramide de Maslow. Mais ces besoins nous affecte tous.
Ce qui implique que nous sommes probablement 90% à se battre pour ces grosses boites qui ont pignon sur rue. Les boites du CAC 40 et les autres qui ne sont pas cotées. Mais dont le nom est reconnu à l’international.
Quelque part, nous sommes tous à la poursuite du même job. C’est comme ça que les grosses boites peuvent faire leur tri en douce. Elles n’auront jamais de pénurie de demande d’embauche. Elles n’ont donc pas besoin de nos candidatures spontanées.
Au Japon c’est comment ?
Au Japon, c’est encore pire. Ici tout est prévu des années à l’avance. Au moment où j’écris ces lignes, fin mars 2015. Les nouveaux diplômés vont commencer dans leurs entreprises dans une semaine, en avril 2015.
Les candidatures et le processus de recrutement pour les nouvelles recrues de 2016 et 2017 a déjà commencé !! Vous ne pouvez pas arriver à la dernière minute avec votre candidature spontanée. Espérer un retour positif. Même si vous venez de Todai et que vous avez fait Harvard. On vous dira la même chose :
C’est trop tard, les candidatures sont closes… depuis mai 2014.
Toutes les grandes boîtes japonaises embauchent sur le même calendrier. La concurrence pour trouver les meilleures ressources humaines est rude. Il n’est pas question de lésiner et de prendre du retard. En faites, certaines boîtes essayent même de prendre de l’avance.
Par exemple cette année, UNIQLO a fait sa rentrée un mois plus tôt ! Dès le mois de mars 2015, elle alignait ses nouveaux venus dans une « cérémonie d’entrée dans l’entreprise » (入社式 「にゅうしゃしき」).
Cette cérémonie marque l’entrée de l’individu dans la vie active. Au Japon, ou il y a des cérémonies pour presque tout (je viens d’acheter un costume pour mon fils qui va avoir sa cérémonie de sortie/graduation de la crèche. Une semaine plus tard, ce sera le tour de sa cérémonie d’entrée en maternelle…). Les cérémonies c’est une tradition. On n’y échappe pas (sauf si vous voulez finir hikikoromi ou furyou).
On rassemble toutes les nouvelles recrues. Le PDG sort ses petits papiers. Prononce quelques mots pour les féliciter et les encourager. Puis c’est partie pour la vie.
Autant vous dirent que les candidatures spontanées à la va-vite. Parce que vous n’avez pas trouvé de poste libre correspondant à votre profil. Aura de nanoscopiques chances de faire mouche (et encore je pèse mes mots).
Au mieux on vous renverra un mail avec le lien de la page pour postuler. Au pire vous aurez droit au :
« No Response. »
Comment multiplier ses opportunités et ne plus perdre son temps ?
Oubliez les grandes boites. Au lieu de vous battre avec tout le monde pour une petite chaise dans un grand « open space ». Battez-vous pour une belle position dans une petite et moyenne entreprise. Vous y aurez plus de possibilités d’apprendre, dans un environnement souvent beaucoup plus convivial.
N’oubliez pas, 90% des candidats postulent pour moins 1% des entreprises. En France il n’y a pas que le CAC 40. Il y a beaucoup plus de 40 entreprises !! Allez disons 243 grandes entreprises (chiffre de l’INSEE pour 2011) en incluant les grandes entreprises non-cotées en bourse. Selon les chiffres de l’INSEE il y avait en 2011 3,14 millions d’entreprises en France.
Les grosses entreprises employaient 30% de la population active selon ces mêmes chiffres. Ce qui signifie que le reste des 3 millions d’entreprises embauchent 70% de la population.
Je ne connais pas les chiffres du Japon avec précision. Mais je suis prêt à parier qu’on observerait des chiffres similaires.
Pour avoir plus d’opportunités, visez les petites et moyennes entreprises. De par leurs structures et leurs tailles, elles sont beaucoup plus flexibles.
Vous pouvez facilement accéder aux patrons et les persuader de vous faire confiance. Si vous vous accrochez, il vous donneront une chance. En particulier pour les stages, c’est très efficace comme stratégie. Mais pas seulement…
Dans certains secteurs, notamment les domaines artistiques, le talent compte pour beaucoup et les candidats talentueux seront toujours bien accueillis.
Cibler les grandes entreprises n’est pas la seule erreur que vous pouvez commettre. Il y en a une autre, cette fois-ci, un peu moins évidente…
Un nouveau (vieux) Virus : la nouveauté
Le saviez-vous ? Plus votre candidature est récente et plus elle a de la valeur. C’est logique me direz-vous ? En réalité pas tant que ça…
En effet, cette importance de la nouveauté est souvent factice. Elle s’immisce dans notre quotidien comme virus. Vous ne pouvez pas y échapper elle est partout…
- Nouveau produit au supermarché.
- Nouvel appartement.
- Nouveau service.
- Nouveau site.
- Nouvelle édition.
- Nouveau cru.
- Nouveau parfum.
- Nouvel iPhone.
Ce n’est pas pour rien que les marqueteurs, utilise et réutilise le mot nouveau, même quand c’est vieux et recyclé.
Le journal de 20 h, et tous les journaux d’information vendent de la nouveauté. Entrecoupé de publicité qui rend le business rentable.
Mais entre nous, nouveau n’a jamais signifier meilleur qu’ancien. Dans de certains domaines, c’est même notoirement le contraire : l’immobilier, le vignoble, l’art… etc.
Un nouveau produit, service, cru, un nouveau parfum, un nouvel immeuble, un nouveau service, une nouvelle édition, ne sera pas forcément meilleur qu’un ancien.
Et pourtant, nous sommes amenées à le penser. Ou du moins, c’est sous-entendu. Parce que quelque part, nous sommes programmés comme ça. Nous sommes irrésistiblement attirés par la nouveauté. Les marqueteurs le savent et s’en servent à tire-larigot. Alors pourquoi pas nous ? Trouver un stage, un emploi, c’est avant tout savoir se vendre. Non ?
Comment détourner la nouveauté ?
Utilisez la nouveauté à vos propres fins. Ne laissez pas vos candidatures dater et toucher les bas fond des boites emails de vos correspondants. Vous devez toujours faire en sorte d’être au-dessus. C’est hyper simple. Vous n’avez qu’à relancer régulièrement vos contacts. Oui je me répète. Mais c’est important.
Imaginez un peu. Vous êtes un recruteur dans une entreprise de moyenne taille. Tous les mois, pourquoi pas toutes les semaines ? Vous voyez le même nom apparaître dans votre boite email. Au bout d’un moment, vous l’ouvrez cet email ! En vous disant :
Il est motivé le petit français (suisse, belge, canadien, marocain, ivoirien,… bref le petit gaijin). Il ne veut pas lâcher l’affaire. J’ai jamais vue un mec me relancer autant de toutes ma carrière… Je vais en parler au boss. Avoir un petit gaijin aussi motivé, ça peut être intéressant pour nos projets à l’étranger…
C’est ce qui m’est arrivé en 2009. Quand j’étais au Japon et que je cherchais un stage. Cela faisait déjà 7 mois que je recherchais un stage (depuis Paris, puis depuis New York). Et ça allait faire 2 mois que j’étais sur place à Osaka. Il ne me restait plus qu’un mois avant de rentrée et mes recherches piétinais.
C’est à ce moment que j’ai visé les petites et moyennes entreprises. Après m’être cassé les dents sur toutes les grosses. Au final, j’ai frappé aux bonnes portes justes à temps pour décrocher un mois de stage. Ouf ! Sauvez par le gong.
Si j’avais su. J’aurai fait ça dès le début.
Alors vous attendez quoi ?
Affrontez-vos peurs. Essayez. Vraiment.
Vous m’en direz des nouvelles.
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Au boulot.
Wilde.
A plus tard ^^v
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